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sql/banque.md
2025-11-06 10:01:02 +01:00

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Modélisation d'un système bancaire

Une banque locale souhaite informatiser la gestion de ses titulaires et de leurs comptes.

Vous êtes chargé(e) de concevoir et dimplémenter le schéma relationnel de base permettant de gérer :

  1. Les clients de la banque,
  2. Les comptes bancaires,
  3. Le lien entre les clients et les comptes.
  4. Les dépots et les retraits d'argent.
  5. Les virements entre compte.
  6. Les devises et les taux de change.

L'objectif de ces travaux pratiques est de :

  • Concevoir un modèle relationnel à partir dun scénario réaliste.
  • Utiliser les contraintes dintégrité pour garantir la cohérence des données.
  • Manipuler des jointures et des relations nn.
  • Comprendre la notion dhéritage logique en base de données.

La diffusion de cette application est internationale, vous vous efforcerez d'utiliser des termes anglais pour nommer les entités et les propriétés. Réferrez pour cela vous au glossaire

Pour les entités vous utiliserez le singuler et écrirez le tout en minuscule.

Le Diagramme Entités Relations (ERD)

1. Les titulaires

Un clients de la banque est appelé un titulaire. Il peut être une personne physique ou une entreprise.

1.1 Exemple de données

  • une personne nommée Françoise Zanetti, née le 12 avril 1995.
  • une entreprise nommée Boulangerie de Valorgue, créée le 19 août 2014, numéro dimmatriculation FR19803269968.

1.2 Analyse

  • Quelles informations faut-il conserver pour tous les titulaires ?
  • Quelles informations sont spécifiques à chaque type de titulaire ?
  • Comment représenter cette distinction en base relationnelle ?

Tip

Indice : on peut utiliser une table abstraite holder, puis des tables person et company qui héritent logiquement de celle-ci.

1.3 Contraintes à respecter

  • Chaque person ou company doit correspondre à exactement un seul holder.
  • La suppression dun holder doit supprimer automatiquement la ligne correspondante dans person ou company.
  • Le type doit être contraint à 'PERSON' ou 'COMPANY'.

1.6 Conclusion

Pourquoi séparer person et company ?

Parce que leurs attributs diffèrent (nom/prénom vs raison sociale). Cela évite les colonnes inutiles et permet des contraintes spécifiques à chaque type.

Quelle contrainte empêche dinsérer une person sans holder ?

La clé étrangère references holder(id) dans person.

erDiagram
    person {
      bigint id PK
      text firstname
      text lastname
      date birthdate
    }

    company {
      bigint id PK
      text registration_number
      date creation_date
    }

    holder {
      bigint id PK
      date creation_date
      text type
    }

  %% Relations

  person  |o--|| holder : is
  company |o--|| holder : is

2. Les comptes

  • Chaque titulaire peut détenir un ou plusieurs compte.
  • Un compte bancaire doit pouvoir appartenir à un ou plusieurs titulaires (compte individuel / compte joint).
  • Chaque compte dispose dun numéro de compte (account number) unique, dun solde (balance) et d'une date d'ouverture.
  • Le solde des comptes ne peuvent être négatifs.
  • Dans le cas d'un compte joint, les parts (share) de propriété d'un compte doivent pouvoir être précisées.

2.1 Exemple de données

  • Créez un compte individuel pour Françoise Zanetti.
  • Ajouter un nouveau titulaire : Justin Hébrard né le 11/03/1993.
  • Créez un compte joint à 50/50 pour Françoise et Justin.
erDiagram
  person {
    bigint id PK
    text firstname
    text lastname
    date birthdate
  }

  company {
    bigint id PK
    text registration_number
    date creation_date
  }

  bank {
    bigint id PK
  }

  holder {
    bigint id PK
    date creation_date
    text type
  }

  account {
    bigint id PK
    date creation_date
    decimal balance
    text currency_code FK
  }

  account_holder {
    bigint account_id FK
    bigint holder_id FK
    decimal share
  }
  
  operation {
    bigint id PK
    bigint transaction_id FK
    text account FK
    decimal amount
    text direction
  }

  %% Relations

  person  |o--|| holder : is
  company |o--|| holder : is
  bank    |o--|| holder : is
  holder  }|--|{ account_holder : a
  account_holder }|--|{ account : hold
  operation }o--|| account : concerne
  operation }o--|| account : concerne

3. Les opérations

4. Les transactions

Chaque opération comporte au moins :

  • un compte concerné ;
  • une date ;
  • un montant ;
  • un sens (débit ou crédit).

Méthode 1 : montant relatif (positif/négatif)

Exemple

id compte date montant
1 123 2025-11-06 +200.00
2 123 2025-11-07 -50.00

Principe

On stocke un seul champ montant.

  • Crédit → montant positif
  • Débit → montant négatif

Avantages

  • Simple à manipuler pour les calculs (sommes, soldes, agrégations).
  • Pas besoin de colonne supplémentaire pour le sens.
  • Représente naturellement le comportement du solde dun compte.

Inconvénients

  • Le signe a une signification métier implicite → risque derreur dinterprétation.
  • Moins lisible pour les utilisateurs finaux ou pour des exports comptables.
  • Pas toujours compatible avec les règles de la comptabilité en partie double (où débit et crédit doivent être visibles séparément).

Méthode 2 : deux colonnes (débit / crédit)

Exemple

id compte date debit credit
1 123 2025-11-06 0.00 200.00
2 123 2025-11-07 50.00 0.00

Principe

Deux colonnes numériques, lune pour le débit, lautre pour le crédit. Une seule des deux contient une valeur non nulle.

Avantages

  • Très clair visuellement et conforme aux usages comptables.
  • Facilite les exports vers des logiciels comptables.
  • On peut facilement filtrer les débits et crédits séparément.

Inconvénients

  • Redondance potentielle (une des deux colonnes sera toujours à zéro).
  • Les calculs de soldes nécessitent des expressions plus complexes : SUM(credit) - SUM(debit)
  • Risque dincohérence si les deux colonnes contiennent des valeurs remplies par erreur.

Méthode 3 : montant absolu + colonne sens ('D' / 'C')

Exemple

id compte date montant sens
1 123 2025-11-06 200.00 C
2 123 2025-11-07 50.00 D

Principe

Le montant est toujours positif. Le sens est indiqué par une lettre (D ou C).

Avantages

  • Lisible et intuitif : correspond au vocabulaire métier.
  • Facilite la lecture humaine et les exports comptables.
  • Pas dambiguïté sur le signe numérique.

Inconvénients

  • Nécessite une jointure logique du sens pour les calculs : SUM(CASE WHEN sens='C' THEN montant ELSE -montant END)
  • Moins direct pour les traitements purement mathématiques.
  • Lusage de lettres rend le stockage un peu moins compact (mais négligeable en pratique).

Méthode 4 : montant absolu + colonne sens numérique (1 / -1)

Exemple

id compte date montant sens
1 123 2025-11-06 200.00 1
2 123 2025-11-07 50.00 -1

Principe

Le montant est toujours positif, et une colonne numérique sens vaut 1 (crédit) ou -1 (débit).

Avantages

  • Compact et performant pour les calculs : SUM(montant * sens) donne directement le solde.
  • Moins dambiguïté quun signe caché dans le montant.
  • Combine la rigueur du modèle mathématique avec la clarté du stockage absolu.

Inconvénients

  • Moins lisible pour un utilisateur non technique.
  • Moins standard pour la comptabilité classique (on préfère D / C).
  • Nécessite une convention claire sur la signification de 1 et -1.

Synthèse comparative

Méthode Structure Lisibilité Facilité calculs Conformité comptable Risque d'erreur
1 montant relatif (+/-) ★☆☆ ★★★ ★☆☆ Moyen
2 débit / crédit séparés ★★★ ★☆☆ ★★★ Faible
3 valeur + sens 'D'/'C' ★★★ ★★☆ ★★★ Faible
4 valeur + sens 1/-1 ★★☆ ★★★ ★★☆ Moyen

5. Les devises

erDiagram
  person {
    bigint id PK
    text firstname
    text lastname
    date birthdate
  }

  company {
    bigint id PK
    text registration_number
    date creation_date
  }

  bank {
    bigint id PK
  }

  holder {
    bigint id PK
    date creation_date
    text type
  }

  account {
    bigint id PK
    date creation_date
    decimal balance
    text currency_code FK
  }

  account_holder {
    bigint account_id FK
    bigint holder_id FK
    decimal share
  }
  
  currency {
    text code PK
  }

  exchange_rate {
    date date PK
    text currency_code PK
    decimal rate
  }

  transaction {
    bigint id PK
    date date
    decimal amount
  }

  operation {
    bigint id PK
    bigint transaction_id FK
    text account FK
    decimal amount
    text direction
  }

  %% Relations

  person  |o--|| holder : is
  company |o--|| holder : is
  bank    |o--|| holder : is
  holder  }|--|{ account_holder : a
  account_holder }|--|{ account : hold
  currency ||--|{ account : tenu
  exchange_rate }o--|| currency : a
  transaction }o--|| operation : contient
  operation }o--|| account : concerne
  operation }o--|| account : concerne

1.4 Vérifications

  • Lister tous les titulaires. Pour réutiliser rapidement la requête enregistrer la dans une vue.
  • Supprimer un titulaire, vérifier que cela supprime l'individu ou la société correspondante.

1.5 Pour aller plus loin

La banque souhaite désormais que toute personne titulaire dun compte ait au moins 15 ans à la date de création de sa fiche. Il n'y a pas de restriction sur l'âge de la société.

3. L'intégrité des données

Lorsque lon tente d'insèrer une nouvelle personne qui n'a pas l'âge requis. La ligne dans holder est d'abord créée, puis l'insertion dans person échoue à cause de la vérification d'âge. Mais la ligne du titulaire est toujours présente sans être rattachée à une personne. On parle alors d'enregistrement orphelin.

Chaque commande SQL est exécutée indépendamment. Si la deuxième commande échoue, la première nest pas annulée automatiquement.

Réalisez linsertion dun titulaire complet (dans holder et person) à laide dune transaction. Testez le cas où la contrainte dâge échoue et vérifiez que rien nest inséré dans holder.

begin;
...
commit;

4. Procédure stockée

Pour fiabiliser le process et être sûr que l'execution s'effectue toujours dans une transaction, nous allons encapsuler la création dun titulaire dans une procédure stockée.

Créez une procédure stockée appelée create_person_holder.

Cette procédure prend en paramètre :

  • le prénom (p_firstname text)
  • le nom (p_lastname text)
  • la date de naissance (p_birthdate date)

Cette procédure doit :

  • Vérifier que la personne a au moins 15 ans ;
  • Créer automatiquement un enregistrement dans holder de type 'PERSON';
  • Récupérer lidentifiant généré et créer la fiche dans person ;
  • Afficher un message de confirmation.
  1. Si la personne a moins de 15 ans :
  • La procédure doit refuser la création et afficher une erreur claire.

En PL/pgSQL les procédures sécrivent :

create or replace procedure nom_procedure(paramètres)
language plpgsql
as $$
declare
    -- variables locales
begin
    -- instructions SQL
end;
$$;

Pour afficher un message de réussite :

raise notice 'message %', variable;

Vous pouvez déclencher une erreur métier à laide de :

raise exception 'message';

Pour appeler la procédure stockée

call create_person_holder('Félicien', 'Hébrard', '1970-10-15');

Note

La procédure garantit latomicité : soit tout est créé, soit rien.

5. Cohérence des données

Écrire une requête pour vérifier la somme des parts

Jusquà présent, nous savons créer des titulaires (holder) de façon sûre. Il est temps de leur ouvrir des comptes bancaires.

Un compte doit toujours :

  • être associé à au moins un titulaire,
  • et la somme des parts (share) des titulaires doit être exactement égale à 1 (cest-à-dire 100 % du compte).

Nous allons donc écrire une procédure stockée create_account qui vérifie ces règles avant denregistrer les données.

  1. Créez une procédure stockée create_account qui :
  • prend en paramètre :

    • p_iban text,
    • p_name text,
    • p_holders int[] (tableau des identifiants de titulaires),
    • p_shares numeric[] (tableau des parts correspondantes).
  • vérifie que :

    • le nombre déléments dans p_holders et p_shares est identique ;
    • la somme des parts est exactement égale à 1 ;
    • chaque holder_id existe dans la table holder.
  1. Si tout est correct :
  • crée un nouveau compte dans account ;
  • insère les lignes correspondantes dans account_holder.
  1. Si une condition échoue :
  • la procédure doit lever une erreur explicite (RAISE EXCEPTION) ;

  • aucune insertion ne doit être faite (transaction annulée).

  • Les tableaux peuvent être parcourus avec une boucle :

for i in 1..array_length(p_holders, 1) loop
  ...
end loop;
  • Pour vérifier la somme :
select sum(unnest(p_shares));

(ou additionner dans la boucle)

  • Vous pouvez lever une erreur personnalisée :
raise exception 'La somme des parts doit être égale à 1 (%.4f)', somme;

Exemples dappel

call create_account(
    'FR761234567890',
    'Compte commun',
    array[1, 5],
    array[0.5, 0.5]
);

Crée un compte partagé 50/50 entre les titulaires 1 et 2.

call create_account(
    'FR009999999999',
    'Compte déséquilibré',
    array[1, 5],
    array[0.7, 0.4]
);

Doit refuser la création avec une erreur claire :

ERROR:  La somme des parts (1.1000) doit être égale à 1.0000

La double écriture comptable

Jusquà présent, les dépôts et retraits modifiaient directement le solde dun compte. Mais dans un vrai système bancaire ou comptable, chaque opération financière doit être enregistrée en double :

Un débit sur un compte (celui qui reçoit) Un crédit sur un autre (celui qui cède)

La somme des débits doit toujours être égale à la somme des crédits.